Le film du Marocain Mohamed Bensouda, « Les divorcés de Casablanca », a été projeté ce jeudi 27 février 2025 à Ouagadougou, dans le cadre de la 29ᵉ édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Ce long-métrage de 1h45 plonge le spectateur dans un récit fascinant sur la vie des femmes après le divorce.
Le film explore le destin de cinq femmes issues de milieux sociaux différents, mais toutes ancrées dans un contexte urbain. Leila, médecin, Salwa, décoratrice d’intérieur, Hafida, directrice d’école privée, Fadwa, femme au foyer et Fatéma, femme de ménage se retrouvent confrontées aux réalités du divorce. Cependant, le récit met en lumière le personnage de Ghalia, journaliste radio d’origine sahraouie (Saida Charaf), qui vit un divorce apaisé, en parfaite entente avec son ex-mari. Une situation qui s’explique par la tradition « hassanie », où le divorce ne constitue ni une rupture brutale ni une tragédie.
Chaque femme traverse une épreuve singulière. Hafida vit une relation avec un homme plus jeune, qui la manipule en utilisant des arguments religieux pour atteindre un objectif criminel. Leila, quant à elle, se laisse séduire par Fouad, un politicien corrompu, sans savoir qu’il est déjà marié. La scène où il lui tend une pomme renvoie aux récits mythologiques et bibliques, Adam et Ève face à la tentation.
L’impasse de la modernité s’impose comme une toile de fond. Si Casablanca, la « ville blanche », brille en surface, le film révèle un intérieur sombre, marqué par des tragédies personnelles et de la méchanceté humaine. La récurrence des plans de la ville souligne cette dualité, entre l’espace public éclatant et les drames intimes qui se jouent derrière les murs.
Une mise en scène maîtrisée
La réalisation de Mohamed Bensouda alterne avec finesse les plans larges et les plans serrés d’intérieurs, inscrivant l’histoire dans un espace et un temps précis. L’ouverture du film plante le décor avec une vue panoramique sur la ville, où trône la grande mosquée face à l’océan. Une image qui montre une double réalité, à savoir l’esprit de croyance et une méchanceté humaine.
Le récit s’attarde sur des détails visuels forts. L’entrée dans la clinique, où l’inscription Accueil en arabe et en français capte le regard, fonctionne comme un clin d’œil subtil, tout comme le spectateur franchit le seuil du film, les personnages s’apprêtent à pénétrer dans une nouvelle phase de leur existence.
Les séquences s’articulent autour d’une même problématique, notamment sur l’homme La métaphore est éloquente avec l’image du corps de Fouad, retrouvé dans un frigo.
Avec une narration soignée, un casting essentiellement féminin et une mise en scène intelligente, Les divorcés de Casablanca a su séduire le public burkinabè. Le film a déjà raflé cinq prix internationaux, depuis sa sortie en 2023, confirmant ainsi la place de Mohamed Bensouda parmi les cinéastes qui comptent sur la scène africaine et mondiale.