Soum Eveline Bonkoungou : Une trajectoire audacieuse dans la photographie burkinabè

Le Burkina Faso regorge de talents émergents, et parmi eux, Soum Eveline Bonkoungou se distingue par un parcours atypique et inspirant. De la photographie événementielle à la photographie documentaire et d’auteur, cette jeune artiste burkinabè n’a cessé de repousser les frontières de sa créativité.

C’est en 2019 que Soum Eveline Bonkoungou débute son aventure dans la photographie, principalement dans l’événementiel. Mais en 2020, une rencontre change radicalement sa vision et son approche artistique : celle de Monsieur Bitibaly, qui l’initie à la photographie d’auteur. À travers ce mentorat, elle découvre des figures légendaires comme Malick Sidibé et Fatoumata Diabaté. Inspirée, elle se lance dans un nouveau style photographique, où l’image devient un moyen de raconter des histoires profondes et personnelles.

Zikr : Une quête spirituelle par l’image

En 2021, Eveline participe à un programme de mentorat et en ressort avec un projet ambitieux intitulé « Zikr », qui signifie méditation en arabe. Ce projet, véritable introspection visuelle, explore la foi et la croyance. Ayant grandi dans une famille musulmane, Eveline questionne sa relation personnelle avec la religion, illustrant à travers des images sombres et introspectives son cheminement spirituel.

Avec « Zikr », elle capte des instants dans des mosquées et des lieux de prière, révélant des nuances de lumière et d’ombre qui symbolisent son propre combat intérieur. Ce projet, travaillé sur plusieurs années, lui a permis de se libérer d’un poids émotionnel tout en ouvrant de nouvelles perspectives sur son art.

De Ouagadougou à Paris : une ascension fulgurante

La persévérance de Soum Eveline Bonkoungou l’a menée bien au-delà des frontières du Burkina Faso. Après avoir participé à une résidence artistique à Lomé, elle revient au pays pour participer à la biennale de photographie Photosa. Là, elle attire l’attention de Florent Basiliti, directeur de la Fondation Manuel Rivera Ortiz en France. Une rencontre qui donne un nouveau tournant à son parcours. Invitée en résidence en France depuis 2023, Eveline ne cesse d’évoluer, multipliant collaborations et expositions.

Son talent est également reconnu à travers le programme des Filles de la Photo à Paris, qui sélectionne chaque année cinq lauréates parmi des centaines de candidatures. Ce programme a été une nouvelle opportunité pour Soum Eveline de perfectionner son art et de développer de nouveaux projets audacieux.

SOPK : Une lutte personnelle transformée en art

En parallèle, Eveline travaille sur un projet particulièrement intime, intitulé SOPK (Syndrome des ovaires polykystiques). Diagnostiquée elle-même tardivement en 2023, elle choisit d’aborder ce sujet tabou pour sensibiliser et soutenir d’autres femmes touchées.

Avec un style expérimental, Eveline utilise des techniques comme le cyanotype rose, symbole de féminité et d’espoir, et intègre des éléments comme le sel pour représenter la cristallisation des follicules bloqués dans les ovaires. Ce projet, unique en son genre, mêle science, symbolisme et poésie visuelle pour briser les silences autour de cette maladie encore méconnue.

Une empreinte photographique unique

À seulement quelques années dans le métier, Soum Eveline Bonkoungou s’est imposée comme une figure montante de la photographie contemporaine burkinabè. Son parcours, marqué par des choix audacieux et une recherche constante de sens, inspire une nouvelle génération d’artistes africains.

À travers son objectif, Eveline ne se contente pas de capturer des moments : elle raconte des histoires, questionne les normes et ouvre des discussions sur des sujets parfois délaissés. Une voix singulière dans l’univers de la photographie, à suivre de près.

La Rédaction