Critique cinéma, scénariste et désormais réalisatrice, Kayaba Anaïs Irma KERE fait son entrée au FESPACO avec un film d’une rare sensibilité. Produit par Les Films Selmon d’Apolline Traoré, L’Audition met en lumière l’autisme à travers le parcours de Déborah, une jeune fille passionnée de chant qui rêve de devenir une grande chanteuse. Soutenue par son frère Yohan, elle décide d’affronter ses peurs et de participer à une audition musicale, malgré les jugements liés à sa différence. L’Audition, est en compétition officielle dans la catégorie FESPACO SHORTS.
« Je veux que l’on voie mon personnage au-delà de son handicap. Déborah est une jeune fille avec des rêves, des passions, comme n’importe quelle personne. Sa différence ne saurait la définir », affirme la réalisatrice.
Un travail de longue haleine
L’écriture du scénario a nécessité trois ans d’efforts et de réécritures. Kayaba Anaïs Irma KERE a bénéficié du programme Les Elles du Cinéma, une formation dédiée aux réalisatrices africaines. « J’ai eu des séances de mentoring avec une réalisatrice canadienne de l’organisme Réalisatrices Équitables, ce qui m’a permis de faire évoluer mon scénario jusqu’à sa version finale », explique-t-elle.

Pour mieux représenter l’autisme, elle s’est entourée de professionnels, notamment M. Boukari Pamtaaba, responsable de l’Association Burkinabè de l’Accompagnement Psychologique et d’Aide à l’Enfance (ABAPE). Les jeunes acteurs principaux, Sergine Sourouwema et Aaron Ouédraogo, ont également suivi une immersion au sein de l’ABAPE afin d’incarner avec justesse leurs personnages. La jeune réalisatrice a également suivi des documentaires, films et reportages sur le sujet.
Une histoire inspirée du vécu personnel
Si Anaïs Irma KERE a choisi de traiter ce sujet, c’est avant tout parce qu’il la touche de près :
« Mon neveu Maël est autiste. Dès qu’il est entré dans ma vie, il a bouleversé beaucoup de choses. Il m’a appris à être plus patiente, plus à l’écoute, plus humble, et à être consciente de la chance que j’ai. »
Un tournage intense et des émotions fortes
Réaliser son premier film n’a pas été un défi de tout repos, mais Kayaba Anaïs Irma KERE a pu compter sur une équipe technique bienveillante et à l’écoute. « J’avais des moments d’hésitation, mais l’équipe m’a mise à l’aise et m’a encouragée à donner le meilleur de moi-même », se souvient-elle.
L’un des moments les plus marquants du tournage reste une scène de crise de panique intense du personnage principal : « Je recherchais une émotion, des larmes… et mes acteurs m’ont offert bien plus que ce que j’attendais. Quand j’ai regardé sur le moniteur, j’ai eu des frissons. »
Un message d’espoir et d’inclusion
Avec ce film, Kayaba espère non seulement sensibiliser le public à l’autisme mais aussi encourager une meilleure inclusion des personnes en situation de handicap. « L’art, et particulièrement le cinéma, a un rôle essentiel à jouer dans la déconstruction des préjugés », conclut-elle.
Le FESPACO 2025 marque le début prometteur d’une nouvelle voix du cinéma burkinabè. Kayaba, avec son regard sensible et engagé, prouve que le septième art peut être un puissant vecteur de changement.
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